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Bill Pritchard est né dans une petite ville des Midlands, dans
le Nord de l’Angleterre, fière d’avoir vu, il y a bien longtemps,
Black Sabbath donner son premier concert au pub du coin. Il approfondit
sa connaissance de la culture française, jusque là essentiellement
issue de l’écoute monomaniaque de 45 tours de Françoise
Hardy, en poursuivant des études inutiles à Bordeaux :
" J’ai fait une émission de radio libre là-bas…
Grâce à ça, j’écoutais Boris Vian, Jacques
Dutronc, Françoise Hardy, bien sûr, et les vieux trucs géniaux
de Véronique Sanson. " Combinée à son
amour immodéré pour des artistes aussi hors-norme que The
Move ou Captain Beefheart, cette passion nourrit son écriture,
un art qu’il pratique en dilettante depuis l’âge de 14 ans. Il entasse
les chansons, ou plutôt les sème derrière lui, puisqu’il
perd tout, ce qui n’est pas un problème : il écrit
encore plus vite qu’il ne perd.
Premiers
albums
En
1987, c’est le grand saut, il signe avec le label anglais Third Mind Records
et publie un album astucieusement titré Bill Pritchard.
Un disque étonnant marqué par la soul eighties et
l’électronique, où l’on voit déjà apparaître
des titres en français. Six mois plus tard, jamais à court
de chansons, Bill Pritchard sort un nouvel album, dont il est nettement
plus fier, Half A Million : de la pop à guitare merveilleusement
dépouillée. Un véritable classique avec des titres
comme " Born Blonde " ou " Hélas ".
Les deux disques seront par la suite réédités sur
un même CD sous le titre The Death of Bill Posters.
Half A
Million sort en France et en Belgique en 1989 sur Midnight Music et
c’est le début d’une véritable histoire d’amour entre Bill
et ces deux pays. Il va, dans la foulée, signer sur Play It Again
Sam (label belge) et travailler avec Daniel Darc et Etienne Daho (chanteurs
français), tombés sous le charme.
Vive la
France
Avec
le premier, ex-chanteur de Taxi Girl dont il est un fan absolu, Bill enregistre
très vite (pléonasme en ce qui le concerne) un véritable
disque culte, Parce que, tiré à une quantité
scandaleusement limitée d’exemplaires : " J’ai
écrit onze chansons en anglais et Daniel en a fait des versions
françaises. Nous avons vraiment pris tout le truc en main, jusqu’à
la pochette. Je suis très fier de cet album. "
Véritable
folk singer moderne, alternant histoires personnelles et faits de société
traités au vitriol, Bill attendait depuis longtemps une production
et des arrangements à la mesure de son talent de parolier et de
mélodiste. Il les trouve une première fois avec Etienne
Daho, qui produit en 1989 son disque suivant, probablement le plus connu,
Three Months, Three Weeks and Two Days : " Il
a fait un travail fantastique sur cet album. C’est l’un de mes disques
que je défendrai toujours. "
Emmené
par le single " Tommy & Co ", petite merveille
pop dont les chœurs sont assurés par l’idole de toujours, Françoise
Hardy (" Une journée que je n’oublierai jamais. Elle
était très affable, très professionnelle et le résultat
est magnifique "), l’album connaît le succès
un peu partout en Europe, mais également aux USA et au Canada.
Bill tourne alors énormément.
L’album suivant,
Jolie, dont la photo de pochette est signée Anton Corbijn,
paraît en 1991. Bill fait la couverture des Inrockuptibles
auxquels il déclare : " Si ça ne tenait
qu’à moi, j’écrirais aujourd’hui, j’enregistrerais demain
et le disque serait chez les disquaires le surlendemain. Comme ça,
je pourrais mourir à la fin de la semaine… "
Parallèlement,
il interprète une renversante version de " I’m Your Man "
sur l’album hommage à Leonard Cohen, I’m Your Fan, qui parvient
jusqu’au bouddhiste canadien: " Nous avons reçu en
studio une réponse par fax de Leonard Cohen, qui disait "Non,
je n’ai pas besoin de vous pour produire mon prochain album, mais merci
beaucoup. Et j’aime bien la reprise". Venant de l’Homme lui-même,
c’était un grand honneur… "
Adieu,
Monsieur le Professeur
A
partir de là, les traces deviennent floues. On parle d’un gros
contrat d’édition, de la production d’un album d’un chanteur français,
d’un groupe. Puis, on ne parle plus de rien… Bill se retire dans son Angleterre
natale, continuant pour son propre plaisir à écrire et à
enregistrer dans son garage un nombre impressionnant de chansons exceptionnelles
qu’il ne fait écouter à personne. Il se consacre à
des activités qui lui paraissent alors plus importantes :
avoir des enfants et enseigner à de jeunes élèves
qui ignorent tout de son passé de chanteur…
Garage
Pop
On
en serait toujours là sans Thomas Deligny, grand artisan de Concorde
Music Club (deux albums chez XIIIbis Records), fan de longue date de Pritchard :
" Il faisait partie des chanteurs qui m’avaient vraiment
marqué par leur timbre de voix. Et j’étais séduit
par le côté un peu dramatique de certaines chansons, comme
chez Scott Walker, un mélange entre une voix de crooner et des
mélodies très simples et imparables. "
Il contacte
Bill en 2002 pour lui proposer de chanter un titre, " In The
Past ", sur son album Stéréo-Fictions.
Bill : " Il m’a envoyé le morceau le vendredi
soir, j’étais avec un copain à la maison, ma famille était
partie, nous nous sommes assis, nous l’avons écouté et j’ai
bien sûr été émerveillé. Le lendemain
matin, j’ai écrit le texte, nous l’avons enregistrée dans
le garage à l’heure du déjeuner et puis nous avons regardé
le foot dans l’après-midi, c’était super, une belle journée ".
Une vraie complicité naît entre eux et ils commencent
à travailler ensemble sur de nouvelles chansons, chacun d’un côté
du Channel, communiquant par mails, s’envoyant des MP3 que chacun retravaille
de son côté. Thomas : " La première qu’il
m’a envoyée, c’était " Hotel Ideal ",
enregistrée dans son garage, j’ai trouvé ça très
beau. Je lui ai demandé un CD avec juste la voix, j’ai découpé
couplets et refrains et j’ai refait toute la musique autour en réharmonisant…
On a fait ça un peu comme des enfants surexcités… "
Bill :
" Après deux ou trois chansons, je me suis dit, "Elles
sont trop bonnes pour être simplement destinées à
ce que j’appelle ‘un public d’une personne’", ce qui s’applique en
fait à tous les trucs que j’ai faits et que je ne veux pas voir
publier. "
By Paris,
By Taxi, By Accident
Ces
chansons, où les textes et la voix inimitables de l’Anglais se
marient magiquement avec les arrangements du Français, marquent
la naissance d’un nouveau Bill Pritchard qui signe logiquement un contrat
d’artiste en France, puisque l’album gravite autour de Paris et de ses
souvenirs personnels liés à cette ville qu’il connaît
si bien. Il y chante d’ailleurs plusieurs chansons en français,
co-écrites avec Stan Cuesta (dont il avait produit l’album) :
" Nous sommes devenus les "Trois Amigos" ! "
L’enregistrement
a lieu à Paris, bien évidemment, dans le studio de Stéphane
‘Alf’ Briat, avec Thomas Deligny à la production, Yann Arnaud (Air,
Syd Matters) à la prise de son et la participation de musiciens
français, dont Olivier Libaux (ex Objets, co-leader de Nouvelle
Vague) aux guitares. Les chansons sont ensuite mixées à
Plus XXX par Julien Delfaud, dont la culture electro et rap (Cassius,
Etienne de Crécy, Cosmo Vitelli, Phoenix) enrichit l’album de sonorités
résolument contemporaines.
Le résultat,
By Paris, By Taxi, By Accident, est un album élégant
et novateur, combinant la maîtrise quasi-cinématographique
des orchestrations de Thomas Deligny, les qualités pop de l’écriture
de Bill Pritchard et son grain de voix absolument craquant. C’est une
invitation au voyage dans un Paris heureux, disparu ou fantasmé,
où l’on croise des personnages réels, stars ou anonymes,
héros d’anecdotes souvent absurdes portées par un humour
toujours très british. Le disque se termine avec " Dust "
et son atmosphère trouble de fin de nuit au fond d’un piano bar,
parfaite conclusion d’un album incroyablement varié et émouvant.
Et comme
le précise Bill : " Attention, c’est seulement
mon premier comeback ! "
(c) Universal/AZ
Biographie officielle pour la sortie de l'album BY PARIS, BY TAXI, BY
ACCIDENT
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